Mes premières pensées quant à l’élaboration de ce journal ont été tournées vers le contenu : que vais-je bien avoir à dire ? Est-ce vraiment à moi de parler de l’altérité ? Suis-je un sujet assez politique ? visiblement assez politique ? Suis-je un Autre remarquable et légitime ?

Une fois ces questions balayées, j’en viens à mes implications au sujet des altérités : je suis musicologue, mes recherches portent vraisemblablement sur les altérités musicales. Les musicien•nes queer, trans, non-binaires et leurs représentations, leurs représentabilités, leur invisibilisation sur la scène musicale.

Finalement, il ne s'agit pas que de cela. De jour en jour, mes réflexions sur l'altérité ont tissé du lien, a permit plusieurs rencontres, mais aussi plusieurs re-connections avec mes rencontres passées.

  

Raconter une histoire à soi, ce n’est pas anecdotique : c’est significatif

Mon aspiration actuelle est de partager. De m'impliquer dans mes rencontres, et de les respecter : d'honorer les émotions et les idées qui restent, qui me grandissent. D'en défaire mes silences face à ces paroles, d'en continuer la rencontre. 

Mes pensées sont politiques, sociales, philosophiques, biographiques, intellectuelles, poétiques.

Salon des Altérités

Le soit-disant représentant de l' universel ne se présente pas :
il ne dit pas d'où il vient, il ne se pense pas cisgenre, il ne situe pas sur le prisme du genre, il ne s'imagine pas dans l'handicap. 
Il ne dira pas : bonjour, je suis un homme blanc cisgenre hétérosexuel valide et bourgeois. 
Ca va de soi.

Durant nos présentations, autour de la table, on s'est présenté : Nos prénoms, nos parcours. Nos identités "intellectuelles". Les personnes ayant des origines situées en dehors de la France les ont nommées. Les blanc•hes français•es n'ont rien dit. je n'ai rien dit. je n'ai pas dis : "Bonjour. Je suis blanc•he français*".  

Elisapie Isaac est une musicienne, compositrice et auteure inuk du Québec