Je suis une personne trans* non-binaire, lesbienne et neurodivergent*.


Je ne vais plus aux repas de famille. 

Dans mon village, j'ai appris le mot "lesbienne" à 16 ans, par NJ, mon premier ami trans* : une personne assignée meuf qui voulait qu'on dise "il". Je trouvais ça bizarre et fascinant. 
On allait au lac avec Laura et Nj.

Un jour, sur le chemin du retour après une nouvelle session au lac, en voiture j'ai demandé ce que ça ferait si j'étais bi à ma mère. Elle m'a répondu :

"je te foutrai dehors". 
Salon Queer
J'aime la ville. Je ne connais que ça. Ce corps est le produit du quartier. 







La rue m'a appris à naviguer. Elle nous a tou•t•es appris à nous inviter dans un monde où nous n'étions pas bienvenu•es. Elle nous a enseigné à habiter les brèches et trouver les failles du système.

Linn da Quebrada est une actrice et artiste/performeuse singulière, hyper provoc, qui fait du funk brésilien. Dans son nom de guerre, Quebrada (quartier populaire, favela) désigne l'origine : il manifeste une filiation, un engendrement par l'espace.

Tous ces lieux ont fait et font partie de moi. La question géographique existe, mais moi je vois mon propre corps comme ce territoire géographique. Un territoire à explorer. Tous ces lieux font de mon corps un site archéologique, un processus de fouille de découverte de territoires, de fissures qui se dessinent, de tremblements de terre qui bouleversent tout, qui me transforme. 
[...] il faut nouer les consciences aux murs. Nous pouvons
parler de quartiers chaque fois que des subjectivités s'entrelacent par la médiation obligée d'un ensemble de rues, de murs, de lieux publics
Sika Lari, AFROTRANS : perspectives, entretiens, poésie, fiction, 2021, Editions Cases Rebelles, pp26-27
Le corps Trans comme territoire à explorer.
Comme corps à décoloniser de la pensée cis, biologique, essentialiste.

La Transidentité permet de se questionner sur le corps comme terrain de lutte à l'idéologie cis-hétéro-normative blanche. 
La Transidentité permet de percevoir le corps comme un champ de possible, comme une expérimentation unique, comme une terre à explorer, sa propre terre-mère à se ré-approprié, son propre déracinement.
Preciado parle de monstres : Je suis un monstre qui vous parle. 
Il s'est avancé devant les psychanalystes contemporains, et iels ont été obligé•es de l'entendre, de le regarder. 
Je suis un monstre qui vous parle. 

Dans le milieu Queer, on s'approprie l'imaginaire des Aliens, de la Fantaisie, on se nourrit des stigmates pour les rendre beaux, attrayants, originaux. On leur donne une sensibilité, on leur offre une subjectivité, de l'émotion. 

Je suis un monstre. Qui vous parle.

"Si tu parles tu meures.
Si tu te tais, tu meures. 
Alors parles et meurs."

Anohni, artiste, compositrice et chanteuse trans (projet Anthony & The Johnsons).
Clip officiel, 2016.
Avec Lorraine O'Grady.